dimanche 5 juin 2011

The bloody reign of Slayer - Joel McIver

The Bloody reign of Slayer



Voulant agrémenter utilement la rubrique « Dans ma bibliothèque », je me suis lancée il y a quelques mois dans la lecture de bios d’artistes et/ou de groupes plus ou moins majeurs du métal ; les autres n’étant tout simplement pas assez connus, même si parfois déterminants ou juste géniaux musicalement, en tous cas pas assez bankable visiblement pour « mériter » une bio (officielle ou non). Ici, je pense carrément à Cannibal Corpse, qui après 20 ans de carrière mériterait qu’on s’y attarde plus que sérieusement… Si une bio d’eux était éditée un jour, elle rejoindrait ma bibliothèque illico.

J’ai commencé par une bio non autorisée (i.e. non officielle) de Korn, qui était trop ancienne et franchement pas assez vivante pour mériter un post (malgré de très belles photos, cela dit). Puis, j’ai entamé la bio de Bruce Dickinson que, je dois avouer, je n’arrive pas à finir, et ce n’est pas faute d’admirer Bruce ou Iron Maiden !

Finalement, pour ma première critique de bio, voilà LA bio à lire impérativement, à dévorer, parce qu’elle est dense et détaillée tout en restant digeste, et d’autre part parce que chaque critique d’album vous donne envie de (re)découvrir l’album, d’explorer (à nouveau) son art-work, juste pour savoir si vous êtes d’accord avec l’auteur.

Parce que ce livre est tout simplement bien écrit. Au point que, par exemple, vous avez beau savoir que oui, Dave Lombardo a réintégré Slayer après le départ de Paul Bostaph, vous êtes juste pressé de savoir quand c’est officiellement officiel ; parce que vous savez que Christ Illusion déchire tout, mais quand même vous avez hâte de lire la critique de cet opus…

Bref, un livre passionnant, vraiment… au passage, j’en profite pour vous dire que je l’ai lu en anglais ; je ne suis pas sûre qu’il ait été édité en français, donc a priori livre réservé aux anglophones (si vous l'avez en français chez vous, faites-moi signe, je corrigerai ce commentaire).
Enfin, et parce que ça n’est pas négligeables, il y a deux aspects qui m’ont particulièrement plu dans ce livre, en dehors de tout ce que je viens d’énoncer ici.

Tout d’abord, l’auteur s’attache à retracer les évènements majeurs du métal au cours de la carrière de Slayer : l’ascension fulgurante puis la descente aux enfers de groupes comme Metallica, Anthrax ou Megadeth – qui avec Slayer forme « the big four of thrash metal » – et les grands mouvements qui ont influencés le métal : la déferlante grunge, puis la vague Black Metal nordique, puis le néo-métal, en conflit avec le suicide de Kurt Cobain qui a remis une couche sur le grunge… Toutes ces époques que j’ai vécues de l’intérieur et dont je me rappelle avec plus ou moins de plaisir…

Le deuxième point est qu’il y a beaucoup d’interventions de grands (voire très grands noms) du métal : Alex Webster (Cannibal Corpse), slipknot, Megadeth, Pantera, Darthrone … Tous soit pour parler d’une époque précise, soit pour parler simplement de Slayer et en quoi leur musique avait été influencée par ce groupe mythique.

Allez, un petit extrait, de Lemmy himself, à qui on avait grosso-modo fortement déconseillé de faire une tournée avec Slayer, et qui l’a fait quand même (vous vous attendiez à quoi, de sa part, franchement ?) :

“People were saying to us that Slayer were a bunch of cunts. The thing is, it never came from someone who knows the band themselves. We’re out with them and they’ve been as good as fuckin’ gold. I like Slayer’s attack and their attitude” (les gens nous disaient que Slayer était une bande de cons. Le truc, c’est que ça ne venait jamais de personnes qui connaissent le groupe personnellement. On tourne avec eux, et ils sont juste des gars en or. J’aime l’attaque de Slayer et leur attitude).
J’aimerai ajouter à cette analyse plus que pertinente que c’est valable pour tout le métal, en réalité… Dans le même ordre d’idée, l’auteur lui-même « no one has ever made a million dollars from being in a death metal band » (personne n’a jamais gagné un million de dollars en jouant dans un groupe de death metal)…

Il y a pleins de petits trésors, ça et là disséminés dans ce livre… Comme le fait que God hates us all est sorti le jour où les Twin Towers ont été attaquées… ce qui visiblement les a beaucoup marqués, avec une réaction très violente au départ (comme pour tout américain, je suppose), puis Jihad qui en sera la juste manière pour eux d’en parler…. D’ailleurs au sujet de God hates us all (perso, j’adore ce titre) “Everybody wants payback, everybody hates somebody, everybody feels that God hates them at one point in their lives” (King : chacun d’entre nous veut se venger, chacun d’entre nous hait quelqu’un, chacun d’entre nous a l’impression que Dieu le déteste à un moment ou à un autre de sa vie).

Ou bien le fait que l’enregistrement de Divine Intervention a été visiblement plus que chaotique : « we were probably three or four different studios with as many as producers and engineers » (King en 2007 : nous avons été dans 3 ou 4 studios différents, avec autant de producteurs et d’ingénieurs). Pour un groupe qui avait déjà plus que de la bouteille, de telles conditions peuvent paraître carrément choquantes (voir aussi, par comparaison, les conditions d’enregistrement de St Anger, dont j'ai déjà parlé).

King, que je viens déjà de citer deux fois, se révèle être une mine de phrases qui tuent, ce mec n’a pas sa langue dans sa poche et pour autant, ce qu’il dit est loin d’être inintéressant… Sur son apparition dans un clip de Sum 41 « If you wanna call me a sell-out, call me a sell-out, but I’m still in Slayer, ripping people’s faces off” (si vous voulez me traiter de vendu, traitez-moi de vendu, mais je suis toujours dans Slayer, à tout déchirer) ; sur le moment où Slayer prendra sa retraite « when we look fucking ridiculous on stage » (quand on aura l’air trop ridicules sur scène).

Grâce à ce livre, j’ai découvert the « wall of blood », que je trouve absolument extraordinaire ; on y apprend qu’Araya avait toujours voulu faire ça sur scène, mais qu’à l’époque de la sortie de Reign in Blood, ils n’en avaient les moyens ni techniques ni financiers :


Cette prestation sur scène est juste tellement décoiffante qu’elle en paraît irréel.  Au passage, ça m’a juste rappelée à quel point je peux être bizarre : j’en ai parlé, complètement dans le trip, à d’autres personnes, qui ont réagi un peu comme ça : « beurrrrrk », alors que moi, je trouve ça juste génial ; génial comme dans génie, pas comme simplement sympa…

Grâce à ce livre, j’ai (re)découvert les anciens albums de Slayer, et les plus nouveaux avec énormément de plaisir… J’ai mieux compris la démarche du groupe ; ils sont entourés d’une telle aura sulfureuse qu’on en oublie parfois qu’ils sont juste comme les autres groupes de métal : on parle de mort, de choses atroces (prenez Angel of Death, par exemple), de serial killers, de meurtres, de la guerre, mais sans juger. Ce n’est pas pire que ce qu’on voit à la télé ; en fait, c’est exactement tout ce qu’on voit quotidiennement. Slayer parle, comme tous les groupes de métal sauf qu’eux étaient précurseurs, de la vie de tous les jours qui n’est juste pas toute rose comme certains voudraient nous le faire croire.

Et oui, ils sont censurés. Pour Alex Webster et beaucoup d’autres (non cités), qui connaît bien ce problème avec Cannibal Corpse, la censure et surtout le sticker « parental advisory » permet surtout aux parents de s’impliquer dans ce qu’écoutent, regardent ou lisent leurs enfants et d’exercer un contrôle… Mais c’est aussi cette censure qui donne à ces groupes systématiquement censurés cette aura sulfureuse qui sied finalement si bien au métal…

Enfin, des photos agrémentent dignement ce livre, je regrette qu’elles soient toutes en noir et blanc (surtout quand il s’agit de nous raconter la première customisation de la guitare de Kerry King, par un roadie qui s’emmerdait dans le bus ; super anecdote, mais sur la photo, on voit rien… Pas drôle)…

Bref, pour conclure, une très bonne bio, que je vous invite fortement à découvrir, d’autant qu’elle a été récemment rééditée et amendée pour y intégrer les dernières infos sur le groupe, à savoir la sortie de World painted blood… Une bio qu’on peut lire avec plaisir, soit parce que déjà on aime Slayer, soit parce qu’on a envie de les découvrir…

Bien à vous,
Maggot

Musique écoutée pendant la rédaction de ce post : Arch Enemy, Khaos Legions

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