dimanche 17 avril 2011

Metallica "Some Kind of Monsters"

En regardant pour la énième fois avec ma fille, le début de “Français pour une nuit” de Metallica (pour les néophytes, c’est un concert qu’ils ont donné aux arènes de Nîmes en juillet 2009) j’ai eu envie de revoir some kind of monsters, dont j’avais vu le début il y a un an, à peu près.

A vrai dire, à l’époque, ça m’avait moyennement intéressée. Déjà parce que ce documentaire parle de la genèse de St Anger, album qui n’est pas forcément le plus brillant à retenir du combo, mais également parce que, au début, ils ne font que se tirer dans les pattes. Enfin, pour être plus précise, Lars et James se tirent dans les pattes, pendant que Kirk compte les points… Non, je suis injuste envers Kirk ; j’y reviendrai.

Donc, le reportage commence en faisant à la fois un point rapide sur la carrière de Metallica, et montre des journalistes, invités à une cession découverte de St Anger.

Quand je dis un point rapide, c’est un retour sur la carrière de Metallica par des images de concerts de diverses années/périodes, et l’état actuel du groupe : un palmarès d’albums vendus assez impressionnant, mais pas d’enregistrement studio, pas de concert, pas de tournées depuis des années ; des tensions exacerbées entre les membres du groupe, le départ de Jason, pas encore remplacé alors que le groupe entre en studio, et des fans déçus par la campagne et l’action anti-napster du groupe. En synthèse, un groupe avec un passé glorieux, dont l’état est loin, lui, d’être glorieux.

Les choses qui m’ont interpellées dans ce documentaire :

·        Au début de la création de St Anger, Metallica avait investi une ancienne base militaire pour retrouver un cadre « spartiate ». Ca, ça m’a fait doucement rigoler… Entre nous, j’ai en tête des tas de groupes qui donneraient cher pour avoir un tel cadre pour enregistrer leurs albums, ou, encore plus simplement, qui ne connaîtront jamais mieux qu’un local réellement spartiate qui ferait ressembler cette base désaffectée à un vrai palace, justement, parce qu’ils n’auraient jamais les moyens de se payer seulement un truc pareil. Ca m’a fait rigoler. Oui, bon, d’accord, j’admets, les groupes auxquels je pense n’auront jamais (et finalement, ce n’est certainement pas un mal…) les moyens de financer l’enregistrement d’un album dans un local « confortable » dans la définition de Metallica. Et alors ? Me direz-vous ? Ben quand on entend – je ne sais qui et à vrai dire, je m’en fiche – dire que c’est volontairement spartiate pour retrouver l’ambiance garage, là je rigole encore plus. Vous voulez l’ambiance d’un garage ? Allez dans un garage ! Y’a des milliers de petits groupes qui n’ont rien d’autre que leur garage !

·        Là, on se dit que Metallica n’est plus un groupe de métal. C’est un business-band. Et pas seulement à cause de leur soi-disant local « spartiate ». Tout ce qu’on voit d’eux pue le fric à plein nez. Le nombre de guitares (600 si ma mémoire est bonne), l’avance qu’ils donnent à Robert Trujillo (1 million de dollars) quand ils l’ont recruté comme bassiste. Quand James annonce ça à Robert, alors qu’il est visiblement encore dans l’émotion d’avoir été choisi (« je suis le nouveau bassiste de metallica, fuck hell !!! » : j’ai l’impression que c’est ça qui tourne en boucle dans sa tête, et que rien d’autre au monde ne compte à ce moment précis, mais ça aussi, j’y reviendrai…), et l’autre lui parle fric. J’avais envie de prendre James par le col (cette image est purement rhétorique, déjà je n’approcherai certainement jamais James d’assez près pour ça, mais en plus, il a l’air assez grand, je ne suis même pas sûre d’arriver à empoigner son col avec mes petits bras…) ; de le prendre par le col donc, de le secouer un bon coup et de lui dire « arrête tes conneries et va prendre ton pied à jammer avec lui !!! ». Elle est où la musique, dans tout ça ??? J’avais la sensation d’être à mon boulot. Le fric, le fric et encore le fric…

Ca fait deux fois que je dis « j’y reviendrai », bon, voilà le moment d’y revenir…

Je dois dire que dans Metallica, pour moi, il y a deux types de personnes : les chieurs et ceux qui m’interpellent, qui me touchent ou dont je me sens plus proche. Si ce n’était pas évident à la lecture de ce qui précède, je vais le rendre clair maintenant, dans la première catégorie, Lars et James, dans la deuxième Kirk et Robert.

·        Kirk m’a juste confirmée qu’il était celui que j’imaginais. Cool, zen même, essayant d’écouter le point de vue des deux coqs de la basse-cour qui s’écharpent continuellement… Lui, il est là pour la musique. Mettez-lui une guitare entre les mains, et il est heureux. Finalement, les seuls moments où j’ai apprécié Lars et James, c’est quand ils jouaient. Au moins, ils la fermaient (bon sauf quand James chante, mais là, c’est autre chose…). Alors que Kirk, lui, même quand il parle, on a envie de l’écouter. On a envie de lui répondre, de poursuivre la discussion, l’introspection avec lui. A un moment, il parle de l’égo, comme quoi lui faisait taire son égo, pour que ce qui ressorte ne soit pas les règlements de comptes, mais finalement quoi ? La musique. Point Final. Ce mec est génial. Royal. Un mec avec qui on a envie de jammer, simplement, parce que finalement, y’a que ça de vrai dans tout ça : la musique. Respect.

·        Robert Trujillo : bon, y’avait pas trop de stress en voyant les répèt du casting, tout le monde savait, à la diffusion du reportage, que c’était lui qui avait été pris. Mais quand même, c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai vu les premiers pas de Robert en tant que bassiste de Metallica. Au niveau « allure », il dénote. Il ne « va » pas avec le reste du groupe, c’est clair, même si ça me fait chier de le reconnaître, c’est clair. Entre les trois autres old-fashion métal et lui, de l’école skateboard-metal (ne cherchez pas dans wikipedia, ça n’existe pas, je viens d’inventer, je ne trouve pas d’autre terme), ben y’a un fossé. Cela dit, en toute honnêteté, à choisir entre le style de Trujillo et celui des autres, moi je préfère Trujillo. Le style skate, j’ai toujours ADORE ! Et sur scène, ouah ! Ce mec est un monstre. Je l’adore, il faut je vous le dise, je l’adore et j’adore le fait qu’il ait été pris et qu’il connaisse dorénavant des feux de rampes parmi les plus brillants de la scène métal (tant qu’il ne s’y brûle pas, cela dit). Bref. Y’a pas que son allure skate et son attitude sur scène qui me font me réjouir… Revenons donc au moment où il postule pour le poste. Ce mec est impressionné. Visiblement. Plus que visiblement. Y’a des moments où je me suis dit qu’il allait fondre en larmes (« je suis en train d’auditionner pour Metallica, Mamaaaaan !!! »….). et puis, mettez-lui une basse entre les mains, là on passe aux choses sérieuses. Si auparavant ce grand monstre paraissait tout intimidé, une fois la basse entre les mains, tout change. Bon, y’a un moment où il attend que les autres le rejoignent, et là, on sent le gros méchant stress. Et puis, ils sont là, tous prêts. « Par quoi tu veux qu’on commence ? » : « Battory ». Là, on sent les mecs soufflés, genre « tu vas te casser la gueule, t’es sûr que tu veux pas essayer un truc plus facile ? ». Et son sourire à ce moment-là. Ouaouh. Là, il a pris le taureau par les cornes. Il peut être stressé, tendu par l’énormité de ce qui est en train de se passer, le mec veut se faire plaisir. Et avec Battory, il se fera plaisir. On voit passer tout un tas de mecs, pendant, avant et après, et c’est indéniable. Certains luttent carrément pour tenir la vitesse (et parfois sur des morceaux plus « faciles »), lui, il s’amuse. Certains, on se demande même si la basse est allumée, tant on l’entend peu, lui c’est indéniable, elle est branchée. D’ailleurs ils sont admiratifs de son son. « Il a 3 médiators à la place des doigts ». Oui, il est bon. Il est très bon. Et indéniablement, il était le meilleur de tous ceux qui ont été testés. Et quand on lui annonce que c’est lui qui est pris, l’émotion qu’il dégage à ce moment là, est extraordinaire. Un pur moment de bonheur. C’est beau. Tout simplement beau.

·        Je viens de parler du recrutement de Robert du côté des candidats. Mais l’émotion n’était pas que de ce côté-là, elle était là aussi chez les 3 membres de Metallica. Parce que dans ce studio de répèt, planait l’ombre de Cliff. Et malgré toutes les années qui passent, Cliff, indéniablement, leur manque encore, toujours. Où l’on apprend et comprend dans quelles conditions Jason a été recruté. Le mal qu’il a eu à s’intégrer (et s’est-il vraiment intégré un jour ?). Il y a des groupes comme ça où il y a un poste « instable » ; chez Metallica, c’est la basse et ce, depuis le décès de Cliff. Il se serait barré, l’histoire aurait été tout à fait différente. Mais il ne s’est pas barré. Tout le mal que je peux souhaiter à Metallica désormais, c’est que Robert trouve sa place, une vraie place (pas comme Jason) au sein de Metallica, qu’il s’y plaise, que ça plaise au trois autres et que donc, il y reste. On sent dans tous les membres la volonté de ne pas changer de line-up à tout bout de champ, d’avoir LEUR bassiste qui est là et qui reste et pas seulement pour deux ou trois albums.

Et puis il y a des séances photos, à eux quatre, avec le baptême du feu de sieur Trujillo. Et là, les voyant tous les quatre, j’ai eu cette sensation : maintenant Kirk a quelqu’un pour faire la balance avec lui entre les combats de coqs de James et Lars. C’est sûr que ce que j’ai vu de Robert, ces premiers moments dans l’intimité de Metallica, ne reflètent pas forcément son vrai caractère; et puis je n'ai jamais vu Jason d'aussi près, donc je ne sais pas comment il était avec les autres. Mais la transformation Robert-sans-sa-basse et Robert-avec-sa-basse me font penser qu’il est bien plus proche de Kirk que des autres.

So what ? Un bon docu, bien fait. Je pourrai vous parler plus avant de la cure de désyntox de James en plein milieu de la création de St Anger, des séances de thérapies collectives du groupe ; de la douleur de Dave Mustaine (lui, il m’a fait mal, honnêtement, il m’a fait vraiment mal ; je savais que les gens, metalleux ou pas, pouvaient être très cons, mais avec Dave, ça bat tous les records), des étripages en bonne et due forme de Lars et James, de St Anger…

Mais tout cela date d’il y a presque 10 ans, on va dire qu’il y a prescription. Parlons de maintenant. Depuis, il y a eu Death Magnetic. Depuis, il y a eu Français pour une nuit. R. Trujillo est toujours là, et à en juger par le concert de Nîmes, il prend son pied avec Metallica. Soleil et ciel bleu pour Metallica ? La période de Load jusqu’à St Anger n’était-elle que le tunnel que traverse inévitablement tout groupe ?

Je l’espère. Parce que le monde métal sans Metallica ne serait pas tout à fait le même, il y manquerait quelque chose. Il y manquerait Metallica, justement.


Bien à vous,
Maggot

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