samedi 19 mars 2011

Anecdotes de concert III

La date : 1996
Le Groupe : Cannibal Corpse

En 1995, la nouvelle était tombée. Chris Barnes quittait Cannibal (pour savoir qui était Chris Barnes, voir la première anecdote). Enfin, ça, c’est qu’on nous a dit à l’époque… A peine quelques lignes dans Hard-Rock Magazine et c’était plié.

A l’époque, tous les fans vénéraient Chris. Il était l’auteur de la majeure partie des textes, le « frontman » du groupe, il était celui qui avait créé le logo original du groupe (et comme il en avait le copyright ils ont dû en reprendre un autre)… Bref, Chris était la figure charismatique du groupe. Aussi, quand il est « parti », beaucoup de fans se sont dit « cannibal, sans Chris, c’est plus Cannibal ».

Moi je ne savais pas. Je doutais beaucoup, j’avais peur pour mon groupe préféré. En même temps, étant fan absolue de Cannibal, j’avais forcément écouté l’album de l’autre groupe de Chris, Six Feet Under. Et je n’avais pas aimé du tout. Je trouvais ça brouillon, confus, et tellement loin de la qualité de Cannibal que je me demandais pourquoi il perdait son temps dans Six feet under.

En réalité, les choses ne se sont pas vraiment passées comme ça. Mais ça, je ne l’ai appris que très récemment (merci internet), de la bouche même de Paul Mazurkiewicz, interviewé pour MTV lors d’un festival en Amérique du Sud ; les membres du groupe avait répété et préparé pratiquement tout le fond musical de l’album à venir. Et quand Chris s’est pointé, déjà l’ambiance était disons… un peu tendue (il n’avait participé à aucune répétition préparatoire). Et il a chanté ; et ils n’ont pas aimé. Visiblement pas du tout, parce qu’ils l’ont viré du groupe. Effectivement, s’il faisait la même chose que chez Six Feet Under, honnêtement, valait mieux. Et Paul d’ajouter que Chris se mettait énormément en avant, que les autres s’effaçaient de facto, mais pas forcément de bonne grâce devant lui et qu’ils en avaient tous marre de ça. C’est vrai que Chris était celui qui était très en avant ; chez Cannibal, y’avait Chris, et y’avait les autres. Les fans connaissaient leurs noms mais Chris… C’était quelque chose !

Je ne sais pas si j’aurai été plus rassurée à l’idée qu’il ait été viré plutôt qu’il soit parti. Et puis comme je ne voulais pas juger, après tout, ils avaient dit que Chris était parti pour « désaccord musical » et j’ai décidé que je me devais de faire confiance en les 5 qui restaient et en leur aptitude à se relever de ce départ. Il le fallait.

Et puis Vile est sorti. Bien entendu, je l’achète dès sa sortie, je découvre la tête du nouveau chanteur, George. George « corpsegrinder » Fischer. J’ai trouvé ça particulièrement présomptueux. Ce mec arrive de nulle part et il pense qu’il est plus à même d’être le corpsegrinder ? Malgré tout (et surtout ne sachant pas le fin mot de l’histoire, surtout), Chris restait pour moi THE Corpsegrinder.

Vile commence par 4 coups de tome ; je vous garantis que pendant ces 4 coups de tome, mon cœur s’est arrêté de battre. Et puis le mur du son est arrivé et mon cœur s’est remis à battre normalement (voire plus vite que d’habitude du fait de l’excitation de découvrir leur nouvel album). Cannibal était toujours là, valeur sûre. J’ai mis un peu de temps à m’habituer à la voix de Georges, je pense que j’avais encore trop celle de Chris en tête. Mais j’étais rassurée ; les désaccords musicaux qui avaient opposés les membres de mon groupe préféré à leur ancien chanteur ne les avaient certainement pas empêchés de produire un album violent, puissant, dévastateur, comme doit l’être tout album de Cannibal qui se respecte.

Cannibal passe donc la même année à Paris, au Gibus, pour la tournée de promotion de Vile.

Le concert va commencer ; j’ai trouvé ma petite place proche de la scène, je suis bien, j’apprécie la musique et l’excitation monte petit à petit, je vais enfin revoir mon groupe favori sur scène (2 ans que j’attendais ça) !

Et qui vois-je, devant l’entrée du backstage ? Eh mais c’est George ! J’avais ramené ma jaquette de Vile, ayant clairement pour projet de la ramener chez moi avec le plus d’autographes du groupe que possible (je ne sais pas si ça vous intéresse, mais j’ai eu tout le monde). Je me dis que je n’aurai peut-être pas l’occasion de le lui demander après le concert (s’il fait comme Chris et qu’il part se cacher dans le bus…). Je ne sais pas ce qu’il vaut sur scène, mais tant pis, je leur fais confiance, et je vais lui demander un autographe. Il a été surpris. Il ne s’y attendait pas. Mais il a bien entendu signé. Pendant qu’il signait, il s’est passé deux choses : d’une part, plusieurs fans (une dizaine) se sont précipités sur lui pour obtenir aussi leur autographe, mais, d’autre part, j’ai entendu une voix dire « pourquoi elle lui demande un autographe, c’est pas lui le chanteur ». Mon sang n’a fait qu’un tour ; j’ai prié pour que George ne parle pas un mot de français et que, alors, il ne comprenne rien à ce que cet abruti venait de dire. Coup de bol, effectivement, il ne parle pas français. Ouf.

Il m’a rendu la jaquette dédicacée, et m’a serré la main. Très fort. En me remerciant. Le message était passé. Un fan lui avait demandé un autographe : un fan le reconnaissait comme étant un membre de Cannibal digne d’être apprécié en tant que tel. Je n’exagère pas, il y avait vraiment de la gratitude dans sa poignée de main.

Et puis, ils sont montés sur scène. Et je vous jure que jamais au grand jamais je n’ai regretté de lui avoir demandé cet autographe. Chris se mettait peut-être en avant. Chris a peut-être la voix la plus grave de tout le death metal. Chris avait peut-être du charisme.

Mais George est une bête de scène. Un monstre. Il est extraordinaire. Et il m’a entièrement et définitivement convaincue.

Pourtant, alors qu’il présentait une chanson, j’ai encore entendu « ta gueule, c’est pas toi le chanteur » (je ne sais pas si c’était la même personne qui avait sorti la première vacherie, mais je sais qu’ils étaient encore plusieurs dans le public à le penser).

Je sais que George ne lira jamais ces lignes. Mais si je l’avais en face de moi, là tout de suite, je lui présenterai mes excuses pour ce que cet abruti a osé dire. Il n’avait pas la tâche facile ce soir là, il devait presque nous « prouver » qu’il était digne d’être le chanteur de Cannibal. Et je m’excuserai aussi de l’avoir trouvé présomptueux en se faisant appeler corpsegrinder à la sortie de son premier album avec eux.

Mais au jour d’aujourd’hui, 15 ans après, je suis plus que convaincue, ce nom était légitime, amplement mérité. George EST le corpsegrinder.

Et les autres dans tout ça ? Sans Chris pour les écraser, ils ont été touchés par la lumière des rampes qu’il leur cachait. C’est comme si, d’un coup, la scène était plus grande et qu’ils y avaient chacun plus de place pour s’y exprimer. Et souvent, quand je les vois répondre à des interviews, je me dis qu’on n’aurait jamais eu ça s’il était resté. Ont-ils bien fait, finalement, de le virer ? Incontestablement, OUI.

Bien à vous,
Maggot

2 commentaires:

  1. J'ai vu six feet under au Gibus et honnetement je me suis fait chier comme un rat mort, pendant longtemps fallait meme plus me parler de chris et son groupe de m... Je les ai quand meme vu 2 fois et 2 fois la meme purée.

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  2. Honnêtement, je crois que ce sentiment était partagé par tous ceux qui aimaient Cannibal; on se demande comment 6FU a pu survivre à cette déception... :p

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