Cannibal Corpse - épisode 1

Je vous rassure, y'aura pas que du Cannibal Corpse... Ca fait longtemps que nous ne sommes pas allés en concert, mon cher et tendre et moi-même; toutefois nous allons bientôt remédier à cela, et vous aurez droit à des critiques de concert... Pour le moment, je vais me contente de reproduire ici des "anecdotes de concert" que j'ai déjà publié sur ma page Facebook...

C'est parti pour l'anecdote n°1... Ou "je suis la Susan Mayer du métal et j'ai honte"…

Ca se passe en 94... J'ai 18 ans, tout juste le permis (il fallait d'ailleurs que je ne rate pas ma 3ème tentative de l'avoir, sinon cette soirée n'aurait jamais eu lieu…) et un pote (Richard) et moi-même partons sur Paris assister à notre premier concert de Cannibal Corpse (en l'occurrence d'ailleurs, 1er concert de métal pour moi)...

Je vous passe l'aventure épique que peut représenter pour deux provinciaux le fait d'aller sur Paris, en bagnole, un soir en semaine, arriver devant une salle de concert qui n'était pas la bonne (merci Hard Rock Magazine qui nous avait envoyés à l'Arapaho alors que c'était au Gibus…), retraverser Paris pour tomber, nez à nez dans le métro avec des métalleux et se dire "là, c'est le bon chemin"...


Un concert extra... Forcément! Cannibal de la grande époque, tournée de l'album the Bleeding, avec Chris Barnes, sa voix et son charisme inimitables (oui oui, je l'aime, que voulez-vous… Aïe, Chéri me tape pas, c'était y'a 17 ans, y'a prescription!!!)...


Bref, je ne vais pas vous raconter l'intégralité du concert, ni l'émotion que j'ai ressentie d'être, pour la première fois de ma vie, entourée d'une bonne centaine de personnes qui aimaient la même musique que moi… venons-en directement aux faits.

Le concert terminé, Paul Mazurkiewicz, comme il en avait l'habitude à l'époque (je ne l'ai plus vu le faire depuis qu'ils jouent à la Loco, mais peut-être continue-t-il cela dans les autres salles plus sympas…), reste assis à sa batterie, le regard dans le vide, une serviette sur la tête; j'ai toujours adoré ce moment là, il est seul à sa batterie, la scène est totalement vide, et lui paraît vidé… Généralement, mais je ne le savais pas à l'époque, au bout d'un certain temps, il se lève et vient rejoindre le public dans la fosse, pour parler avec les fans.

Nous voici donc, Richard, plusieurs irréductibles et moi-même, devant la scène où se trouve donc, Paul… Et là je vois ces mecs - des durs à cuire, hein, puisqu'on est des métalleux lol - ébahis et en admiration devant leur idole, pire que des midinettes devant Justin Bieber… Et aucun ne bouge. Et moi, la seule fille devant cette scène, je me dis "mince, c'est trop bête, il va se barrer, je peux pas laisser passer cette occasion!!! et, prenant mon courage à deux mains, équipée d'un stylo et de mon entrée, je monte sur la scène et je vais le voir, le cœur battant à tout rompre, persuadée que je vais me faire virer illico presto par un roadie, qui en fait, me regarde passer avec un grand sourire. Echange de regard avec Paul, je lui demande un autographe, grand sourire, et là toujours assis à sa batterie, me signe mon tout premier autographe de Cannibal Corpse.


L'histoire pourrait s'arrêter là, et finalement ça aurait été aussi bien, sauf que c'est sans compter sur mes qualités (Susan Mayer en puissance). Pendant que Paul signait mon autographe, je me suis aperçue que la fumée de ma clope allait directement vers ses narines. Oui, je sais, c'est très bête, je suis en face du batteur de mon groupe préféré et je pense au sens de la fumée de ma clope… Voulant bien faire, j'entreprends donc, avec la main qui tient ladite clope, de chasser la fumée, et décide de cacher, dans le même élan, celle-ci derrière moi, histoire de ne surtout pas plus incommoder mon idole… Sauf que pendant ce grand geste latéral, Paul s'est levé, en gentleman, pour me rendre l'autographe… Et ma cigarette a rencontré son torse… Nu, bien entendu, sinon ce serait pas drôle… au niveau des côtes, sur le côté (oui, oui, là où c'est super sensible)… j'ai entendu la sueur grésiller et Paul hurler de douleur; oui parce qu'en plus, entre son élan et le mien, ça n'a pas fait que frôler, hein, ne faisons pas les choses à moitié, je lui ai carrément écrasé la cigarette sur le flanc…


J'étais totalement paniquée. Je suis devenue rouge comme un camion de pompier, les larmes aux yeux, je tremblais de partout, j'aurai pu disparaître 6 pieds sous terre, je l'aurai fait… Et tout ce que je trouvais à dire (mais quoi dire d'autre, honnêtement?), c'était "je suis désolée, pardon, je suis désolée, pardon" (j'ai dû dire ça à peu près 30 fois en moins d'une minute).

Bon, sur le coup, je pense qu'il aurait pu m'en retourner une. En toute honnêteté. Mais, il a vu à quel point j'étais totale PANIQUEE de ce que je venais de faire, par accident. Il s'est mis alors à rigoler, me disant que c'était ok, et sortant, mort de rire au roadie (toujours le même) qui repassait "putain, j'ai pas de bol, la seule fille qui me demande un autographe, faut qu'elle me brûle!!!!"

Vous vous doutez bien que mon "exploit" a fait le tour de toutes les personnes encore présentes dans la salle…

Mais l'histoire ne finit pas là, parce que Paul, au-delà d'être un batteur extraordinaire est aussi un peu facétieux :p

Nous sortons donc du Gibus pour trouver, à deux pas de l'entrée, Alex Webster, qui répondait à deux mecs pour un fanzine quelconque…

Patients, fascinés, nous écoutons l'interview… Après, autographes, photos, papotages avec Alex… Et j'ose enfin "Est-il possible de rencontrer Chris Barnes?" Alex hésite, un premier coup d'œil sur moi (toujours la seule fille dans les parages), nous dit qu'en gros Chris n'aime pas sortir, après les concerts, il préfère rester isolé dans le bus, à se reposer… Il me regarde à nouveau, et dit finalement "je vais lui demander" (si j'avais été un mec, il n'aurait même pas essayé, je crois, comme quoi être une fille, c'est plutôt sympa lol)…

Il monte dans le bus (garé juste devant la salle), et là, j'entend, au fond du bus "j'arrive"… Ouah!!! Chris Barnes arrive!!! Enthousiasme, panique, hystérie, toutes les émotions nous passent par la tête… et arrive, devant nous Chris Barnes…

Pour rigoler deux secondes aux dépens de quelqu'un d'autres que moi, je dois dire que l'image "glamour" (oui, je sais ma vision du glamour peut paraître étrange, mais on ne se refait pas, hein) du bon métalleux en a pris un coup (cheveux attachés, jogging bleu marine et tee-shirt blanc, et cerise sur le gâteau, tongs bleues ET chaussettes blanches…); mais c'est Chris Barnes, il peut s'habiller comme il veut, même en drag-queen j'en aurai fait mon 4 heures à l'époque…

Bref

Autographes, photos… Et au moment, où je me trouvais, comble du bonheur, de l'apothéose, de la félicité, entre Alex (hm miam même si les blonds n'ont pas vraiment ma faveur) et Chris (j'ai déjà dit plus haut ce que j'en pensais), j'entend quelqu'un courir dans le bus, en l'occurrence Paul qui débarque et sort "Eh! c'est la fille qui m'a brûlé!!!!!!" et qui remonte aussi sec…

Je lui répond "je suis vraiment désolée"… et lui rétorque "je sais, tu l'as déjà dit!"

et là, grand moment de solitude, avec Alex et Chris qui me dévisagent longuement… "c'était un accident" murmurai-je…

Grosse consolation, tout de même, les fois suivantes où je les ai revu, Paul se souvenait de moi (bon, j'aurai préféré pour autre chose, mais il faut se contenter de ce qu'on a, hein!), ce qui m'a toujours valu de sa part (et aussi des autres membres, notamment Jack et Pat; avec Cannibal, je vous jure les filles sont des princesses) des petites attentions mimi, des grands sourires complices et des souvenirs magnifiques…

Bien à vous,
Maggot